Les 7ème, 8ème et 9ème Régiments de Chasseurs à Pied

Les plans de mobilisation de 1939 prévoyaient notamment la constitution de 18 divisions d'infanterie, réparties également entre trois catégories. Ces catégories indiquaient le niveau d'équipement des divisions et donc leurs disponibilités opérationnelles. Les régiments de ces grandes unités provenaient de corps de l'active. C'est ainsi que les 7ème, 8ème et 9ème Régiments de Chasseurs à Pied furent issus respectivement des 1er, 2ème et 3ème régiments du même nom. Un Arrêté Royal de novembre 1939 accorda aux 7ème et 8ème Chasseurs un drapeau qui ne leur sera toujours pas remis au moment des hostilités. Les trois régiments constituèrent l'infanterie de la 17ème DI au sein de laquelle ils effectuèrent courageusement la campagne de 1940.

Dissous au lendemain des Dix-huit jours, ils ne sont plus repris à l'ordre de bataille de la Force terrestre. Les traditions des 7ème et 8ème Chasseurs sont confiées respectivement aux 3ème bataillons des 1er et 2ème Chasseurs, prévus en cas de mobilisation. En vertu de l'Arrêté Royal de novembre 1939, un drapeau sera fabriqué et attribué à ces bataillons, lesquels seront à leur tour dissous à la fin des années cinquante. Quant au 9ème Chasseurs à Pied, aucun emblème ne lui a été attribué et ses traditions n'ont pas été reprises après 1945.

De 1951 à 1961, certaines unités prévues en cas de mobilisation furent désignées par des appellations du type «1er Bataillon 2ème Chasseurs». Dans l'organisation pied de guerre de la Force terrestre on relève au 1er décembre 1951 l'existence des unités de chasseurs à pied suivantes:

2ème Bataillon 1er Chasseurs (8ème Bde Inf / 2ème DI)
3ème Bataillon 1er Chasseurs (9ème Bde Inf / 3ème DI)
1er Bataillon 2ème Chasseurs (31ème Bde Inf / 5ème DI)
2ème Bataillon 2ème Chasseurs (31ème Bde Inf / 5ème DI)
3ème Bataillon 2ème Chasseurs (31ème Bde Inf / 5ème DI)

La 5ème Division d'Infanterie était constituée sur pied de guerre par les Forces de l'Intérieur. Trois bataillons d'active leur appartenant servaient comme corps mobilisateurs aux brigades de la 5ème Division, sur base de principes analogues à ceux en vigueur à la fin des années trente. Ainsi, le 2ème Chasseurs à Pied formait, comme indiqué ci-dessus, la 31e Brigade d'Infanterie; le 6ème de Ligne, la 32ème et le 11ème de Ligne, la 33ème. La 5ème DI sera supprimée le 1er décembre 1956. Les appellations sus-mentionnées seront remplacées le 1er juillet 1961 par une dénomination unique (exemple: 2ème Chasseurs). Elles étaient sans doute l'une des dernières traces de l'organisation anglaise en vigueur à la Force terrestre jusqu'en 1951.

Historique détaillé du 7ème Régiment de Chasseurs à Pied

Mobilisé le 08 novembre 1939, le 7ème Régiment de Chasseurs à Pied était un régiment de deuxième réserve issu du 1er Régiment de Chasseurs à Pied caserné à Mons. Il était commandé par le Lieutenant-Colonel Breveté d'Etat-Major Doneux.

Ce régiment, ainsi que les 8ème et 9ème Régiments de Chasseurs à Pied, appartenait à la 17ème Division d'Infanterie commandée par le Lieutenant-Général Daufresne de la Chevalerie.

Les régiments de deuxième réserve étaient des régiments de rappelés à trois bataillons d'infanterie légère armés de fusils Mauser 1889, de fusils-mitrailleurs 15-27 (Chauchat), de mitrailleuses Colt et de fusils lance-grenades V.B, armement utilisé lors de la guerre 14-18.

Les régiments d'active et de première réserve comportaient quatre bataillons d'infanterie, dont un bataillon d'armes lourdes. L'armement, tel que mitrailleuses Maxim, canons anti-chars C.47, mortiers de 76, lance-grenades, mitraillettes et fusils-mitrailleurs .30, est le plus moderne connu à l'époque.

Mobilisation (7 novembre 1939 au 9 mai 1940)

Le 7ème Régiment de Chasseurs à Pied devait se mobiliser lors de la phase D du plan de mobilisation des forces armées. Un personnel réduit est appelé le 1er septembre 1939 à Sinaai-Waas (entre Anvers et Gand) afin de préparer la mobilisation du régiment. La phase D ne se déclanchant pas, ce personnel est démobilisé ou renvoyé dans son unité d'origine.

Ce personnel est de nouveau rappelé le 07 novembre 1939. Averti télégraphiquement le 08 novembre, le reste du cadre et de la troupe rejoint le cantonnement de Sinaai-Waas dans la journée du 09 novembre 1939.

Le 13 novembre, le régiment se trouve dans la région de Gand afin d'organiser et de défendre une position le long du canal de dérivation de la Lys. Il y séjourne jusqu'au 05 décembre 1939.

Du 08 décembre au 07 janvier, le 7ème Régiment de Chasseurs à Pied est affecté à la défense de la Côte depuis Wenduine jusqu'à Nieuwpoort. Ses bataillons sont répartis à Ostende, Bredene et Westende-Middelkerke. Au cours de ce séjour, le régiment a l'honneur d'être passé en revue par Sa Majesté le Roi Léopold III. Ensuite, le régiment retourne dans la région de Gand jusqu'au 14 janvier 1940.

Du 14 au 25 janvier 1940, il est en position dans la région de Malines, le long de la ligne KW. A partir du 25 janvier, le régiment est à Stabroek, au nord d'Anvers, pour relever le 36ème Régiment de Ligne. Il y restera cantonné jusqu'au début des hostilités.

Les combats (10 au 28 mai 1940)

Anvers

Le 10 mai 1940 à 2H15, l'ordre d'alerte est donné. Le survol par des avions ennemis et les tirs de DCA (Défense Contre Avions) confirment le début des hostilités. Les actions prévues par le plan d'alerte sont exécutées: fermeture d'obstacles, occupation des postes de combat, préparation de destructions, renforcement des gardes.

Le 11 mai, les troupes alliées entrent en Belgique.

Du 12 au 15 mai, les journées sont calmes malgré les nombreux réfugiés hollandais fuyant l'avancée allemande et les convois d'unités françaises se dirigeant en 1ère ligne. Le 15 mai, des destructions supplémentaires ont lieu, notamment la destruction des clochers de Putte, village frontalier entre la Belgique et la Hollande.

Le 16 mai 1940, des patrouilles belges échangent des tirs avec des patrouilles ennemies. Vers 16H, le régiment reçoit l'ordre d'abandonner la position, de traverser l'Escaut à Anvers et de rejoindre Beveren-Waas. L'entrée du tunnel étant sous le feu de l'artillerie allemande, vingt hommes de la 3ème Compagnie sont victimes des tirs d'obus lors de la traversée de l'Escaut.

Le 19 mai, le 7ème Régiment de Chasseurs à Pied relève les troupes françaises à la deuxième ligne de défense le long du canal de Gand-Terneuzen. Cette position est occupée jusqu'au 22 mai sans évènement majeur.

La Lys

Le 23 mai, après une marche de nuit, le régiment se retrouve à Maldegem, le long du canal de dérivation de la Lys pour relever le 1er Régiment de Grenadiers. Cette opération se déroule dans la journée du 25 mai. La position occupée est défavorable au 7ème Régiment de Chasseurs à Pied. En effet, la défense du canal de dérivation de la Lys est difficile à exécuter. La végétation est luxuriante, les moissons sont hautes. L'ennemi peut arriver près des positions belges sans être vu. Des digues élevées empêchent des tirs de protection.

De plus, et ceci est très important, le 7ème Régiment de Chasseurs à Pied, avec trois bataillons d'infanterie légère, remplace le 1er Régiment de Grenadiers, régiment d'active à quatre bataillons fortement armés, sur des positions face au pont de Balgerhoek, imparfaitement détruit pour éviter un assèchement du canal, propice à un franchissement aisé par l'ennemi.

Le 26 mai, au début de l'après-midi, les troupes allemandes franchissent le pont de Balgerhoek et enfoncent les positions de la 5ème Compagnie du 7ème Régiment de Chasseurs à Pied, qui était en première ligne. L'ennemi est arrêté par les 1ère et 2ème Compagnies, situées en 2ème ligne.

Malgré la résistance de la deuxième ligne, des infiltrations de troupes allemandes ont lieu entre les différentes positions du régiment. En fin de soirée, la plupart des compagnies ont été mises hors combat. Le 7ème Régiment de Chasseurs à Pied n'existe plus en tant qu'unité combattante.

Des débris du régiment assurent la défense de Kleit, au Sud de Maldegem mais ils sont capturés le 27 mai au matin. La plupart des hommes du régiment ayant réussi à échapper à ces événements seront fait prisonnier lors de la capitulation, le 28 mai 1940.

Le 7ème Régiment de Chasseurs à pied ne sera pas reconstitué après 1945.